Et alors, Magie au clair de lune?

 De la poudre aux yeux façon Woody. Mon différend avec le réalisateur n’est pas né d’hier; j’ai toujours eu une relation assez conflictuelle avec les films de Woody Allen, particulièrement ceux de cette dernière décennie. Le seul a m’avoir plu en date est Blue Jasmine, l’an dernier, dans lequel j’avais l’impression que Woody Allen retrouvait tout son dynamisme et sa verve…pour les perdre immédiatement dans Magie au clair de lune, son tout nouveau film, qui, honnêtement, n’a de magique que son titre.

Woody Allen ressasse, et je suppose que je suis fatiguée de ses sempiternelles personnages masculins « à-la-Woody », c’est-à-dire cyniques, misanthropes, imbus d’eux-mêmes et tout simplement imbuvables, que le réalisateur nous sert depuis toujours. Je suis bien consciente que c’est sa marque de fabrique, mais je sature. Réellement. Bien que quelques répliques bien trouvées et bien placées parviennent à déclencher un éclat de rire, globalement, j’ai trouvé le film sans conséquence, pour ne pas dire insipide.

Oh, Colin Firth est formidable dans ce rôle, comme toujours, et il pourrait me séduire avec n’importe quelle tournure de phrase, mais le fait qu’on essaie de le tourner en Woody-2 (comme d’autres acteurs avant lui) me frustre au plus haut point. Ça fait longtemps que ce genre de chose a cessé d’être un « clin d’oeil » à la filmographie de Woody Allen pour être tout simplement du narcissisme flagrant. Emma Stone est une bonne actrice, cependant sa manière de parler est trop moderne pour être crédible dans un film d’époque et surtout, elle a 0 alchimie avec Colin Firth, 0. C’est simple, ils ont tout bonnement l’air de répugner à avoir à s’embrasser à la fin du film. Bref, ils ne sont pas crédibles en tant que couple et comme tout le film repose sur eux (en tant que couple, même pas en tant que personnage à part entière)… vous avez compris le fil de ma pensée. S’ajoute à ça l’extrême lenteur du film qui, pour une raison obscure semble s’étirer, et s’étirer… ce qui fait que les répliques tombent souvent à l’eau.

Si le rythme était plus soutenu, comme dans Blue Jasmine et comme les premiers films de Woody Allen, je crois que le film s’en serait mieux tiré. Là, il s’embourbe littéralement dans ses propres dialogues (parfois incisifs mais souvent superficiels au point qu’on ne les prend jamais réellement au sérieux) tellement le rythme est lent. Sans compter que si la cinématographie est agréable à regarder, le décor semble tout droit sorti d’une carte postale, trop soigné, trop figé pour être vrai, tandis que les scènes romantiques reprennent tous les clichés éculés existants; les ficelles du scénario sont tout à fait grotesques. C’est souvent les détails qui permettent de montrer la qualité d’un film. Or, avec une intrigue pourtant aussi fine qu’un fil de fer, Woody Allen ne prend pas la peine de prêter attention à ses transitions, ce qui rend un résultat discontinu et déconcertant. Ainsi ne comprenons-nous pas exactement pourquoi le personnage de Colin Firth change d’avis sur son opinion du personnage d’Emma Stone – à part le fait qu’il la trouve jolie, ce sur quoi je suis d’accord -, ni pourquoi il rechange d’avis à la fin du film, et encore moins comment elle, elle ait finit par tomber amoureuse de cet énergumène – à part le fait qu’il soit joué par Colin Firth – qui n’a aucun sens de civisme et qui lui pourrira certainement les plus belles années de sa jeunesse. Non, vraiment, expliquez-moi!. Et gâteau sur la cerise : Woody Allen ne semble n’avoir aucune (mais aucune) idée sur comment terminer son film et résoudre son conflit, du coup, il a « recours » à un retournement de situation plat et sans inspiration, dans la lignée de ce qu’il nous a servi tout le long.

Et alors, le dernier Woody Allen? Une déception, à laquelle je m’attendais à moitié mais tout de même prononcée du fait que  j’adore Colin Firth. D’accord, ce film n’est pas aussi horrible que je l’ai dépeint. Son bon point? Woody Allen a eu la décence de ne faire durer son film qu’une heure et demi (une rareté aujourd’hui, il faut tout de même le reconnaître) et, pour un peu que vous ne soyez de bonne humeur, Magic in the Moonlight se laisse regarder…mais ne payez pas une place de ciné pour ça, quand même, il ne faut pas exagérer. 2/5

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