Miraï, ma petite sœur (2018)

Par : Mamoru Hosada, Studio Chizu

Long-métrage

PV

Kun-chan vient d’avoir une petite sœur, et a du mal à se faire à l’idée qu’il va devoir partager ses parents avec ce petit être qui crie et qui monopolise leur attention. Un jour où il est particulièrement en colère contre sa famille, il découvre que le jardin de sa maison cache un merveilleux secret.

Dans Miraï, Mamoru Hosada renoue avec deux thèmes qui lui tiennent à cœur : la famille et les voyages temporels. Sans trop révéler d’éléments de l’intrigue, ou peut dire que son film est structuré en plusieurs voyages spatio-temporels où notre jeune héros croise des figures familières, certaines plus inattendues que d’autres. Chaque plongée dans une nouvelle dimension est déclenchée par une crise du petit Kun qui est confronté à la frustration, l’échec, la jalousie, etc., et l’idée est de changer sa perspective en lui faisant voir les choses du point de vue d’un proche, dans un contexte différent.

Le plus gros risque en choisissant ce format de narration était de découper le film en vignettes de qualité variable, et en effet, elles ne se valent pas toutes. La première est mignonne et sert d’introduction, la seconde avec Miraï est de loin la meilleure et la plus drôle (j’aurais aimé que tous les autres voyages de Kun soient du même genre), la troisième est étonnante et contient des séquences d’animation qui m’ont rappelé celles de vieux Ghibli (et c’est aussi celle qui a le plus d’impact émotionnel), la quatrième qui remonte plusieurs générations avec une esthétique de carte postale est très cliché et marque une nette régression, et la dernière, pourtant la plus dramatique, a échoué à me faire ressentir quoi que ce soit. Arrivée à la fin j’ai eu le sentiment que le film s’était perdu en cours de route, et j’étais un peu triste de constater que je n’étais pas vraiment investie dans la relation entre Kun et Miraï, ce qui a rendu la dernière séquence relativement ineffective.

Et en parlant de Miraï, contrairement à ce que le titre laisse penser, Kun est le protagoniste du film et la jeune fille n’est que l’une des figures secondaires qui vont participer à son éducation alternative. Je me demande s’ils ne l’ont pas mise en avant juste pour faire le jeu de mot « Mirai no Mirai » avec son prénom pour le titre japonais. La jeune fille n’évolue pas vraiment, elle est même moins intéressante que d’autres personnages comme ses parents (qui eux ont droit à un joli développement). Ce n’est pas forcément un problème dans l’absolu, mais c’est vrai que la promotion m’avait laissé espérer qu’elle aurait plus d’importance, et pour moi ça a été une petite déception.

Reste que le film est superbe, avec des jeux de composition et de textures intelligents et stimulants, même si encore une fois les séquences ne sont pas toutes du même niveau. Et je pourrais regarder des enfants animés par Mamoru Hosada pendant des heures. Par contre, parmi les choix techniques je n’ai pas compris celui de l’actrice Moka Kamishiraishi pour le rôle de Kun, pendant tout le film j’ai entendu une voix de jeune femme très affectée et pas de petit garçon (et pas une bonne voix de femme qui joue un petit garçon comme on peut en trouver), et ça m’a beaucoup dérangé, au point où je recommanderai de regarder le film doublé dans une autre langue si possible.

En conclusion c’est un joli film inégal, certainement pas mon préféré de ce réalisateur (La Traversée du Temps est toujours indétrônable), et un peu anecdotique. Je recommande, mais ça se regardera très bien en DVD ou en streaming et ce n’est pas un incontournable à voir absolument en grande salle.

Une réflexion sur “Miraï, ma petite sœur (2018)

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