Can’t Lose : Premières impressions

« When two people fell in love, they did not simply surrender to their feelings, they battled it out. They lied to one another, often assuming indifferent personas toward each other. They often employed hideous tricks on each other, until finally after running out of inventions, fall into each others arms. It was fossilized comedy, physical and often painful, but mixed with the highest level of wit and sophistication, depending wholly on elegant and inventive writing. » (Moderntimes, The Screwball Comedy)

Monday Kiz – Can’t Lose

Une histoire de dispute conjugale, pourquoi pas ?  Mais après Protect The Boss, difficile de vouloir se rajouter en plus un autre drama qui se passe en grande partie dans des bureaux, alors que la date de ma rentrée universitaire approche dangereusement. A priori les deux dramas entrent en compétition dans la catégorie « RomCom de bureau » avec des acteurs matures. En compétition, vraiment ?

Non. Can’t Lose et Protect The Boss n’ont vraiment pas grand chose à voir ensemble une fois leurs quelques similitudes de contexte écartées. Si PtB est un drama orienté « slice-of-life » où chaque personnage a une importance non négligeable, Can’t Lose est l’exact inverse : le monde de ce drama tourne autour de nos deux avocats, et le reste n’est là que pour mettre en exergue et développer le conflit. Si Protect the Boss parlait de personnages décalés et touchants dans leur marginalité, Can’t Lose attaque un autre terrain : le champ de mine d’un foyer conjugal instable. Ça va saigner !

Lee Eun Jea (Choi Ji Woo) et Yun Hyung Woo (Yoon Sang Hyun) se sont rencontré lors d’un match de baseball, alors que Hyung Woo venait de se faire licencier par son cabinet juridique. Tous deux avocats, il ressentent immédiatement une attirance réciproque. Eun Jae décide d’en faire son partenaire et de lui fournir les moyens financiers afin qu’il puisse continuer à exercer quasiment gratuitement, en tant qu’avocat « pro bono » (pour le bien), et tout juste un mois après leur première rencontre, les voilà mariés pour le meilleur et pour le pire.

Lorsque nous découvrons le couple installé peu après, l’ambiance n’est plus aux réjouissances. Même s’ils commencent à connaître les (mauvaises) habitudes de chacun et sont toujours aussi amoureux, nos deux jeunes mariés ne sont plus sur la même longueur d’onde. En particulier, la situation financière du couple est l’objet de nombreuses disputes. Si Hyung Woo est né dans une famille aisée et n’a pas vraiment la notion de l’économie, Eun Jae vient d’un foyer plus modeste et reste près de ses sous. Chacun est plutôt proche de sa belle-mère, mais comme l’un et l’autre ont quelques problèmes avec leurs mères respectives, la situation devient rapidement intenable (sans compter l’affaire juridique qui vient se greffer par dessus). Mais ça ne s’arrête pas là : leur approche du métier est diamétralement opposée, l’un a une hygiène de vie stricte et l’autre est sérieusement atteinte de bordélisme aggravé (appelé également syndrome Switch Girl ou syndrome du poisson séché), et chacun est réticent à faire les concessions nécessaires à une vie paisible. Lorsque la confiance mutuelle jusqu’ici préservée entre les époux commence à se craqueler, la situation dégénère…

Les dés sont jetés d’emblée, et l’objectif est clair : pousser jusqu’à la guerre ouverte la situation de crise, pour résoudre le conflit de la manière la plus puissante qui soit. Le drama n’a pas d’autres ambitions, et se concentre sur ses propres atouts. L’enjeu n’est pas de savoir qui va finir avec qui puisque tout est joué d’avance, mais plutôt de savourer l’ambiance tendue, la vivacité des répliques, le jeu nerveux des acteurs confirmés et bien sûr la tension sexuelle qui sert souvent de leitmotiv pour pimenter un « mariage de cinéma » (principe poussé jusqu’à son paroxysme dans Mr et Mrs Smith par exemple). Ça aide que Choi Ji Woo et Yoon Sang Hyun ne s’embrassent pas comme des collégiens (*hum* Heartstrings..*hum*).

Can’t Lose est avant tout une screwball comedy de qualité constante. C’est particulièrement stable pour un drama appartenant à ce genre encore mal maîtrisé à Kdrama-land, avec cette tendance à faire du yo-yo maladroit entre le comique et le drame. Il semblerait que le ton léger soit parti pour durer, et je croise les doigts pour que son homogénéité se maintienne le plus longtemps possible. Un seul fiasco scénaristique par an me suffit, merci (Mary Stayed…en 2010 et Spy Myung Wol cette année). Mais légèreté ne signifie pas ici simplicité, ou pire, niaiserie. Les personnages ont chacun leurs lots de déconvenues et de secrets douloureux, et sans jamais tomber dans le pathos gratuit quelques scènes plus subtiles suggèrent que ce qui est à venir ne sera pas 100% du temps hystérique et humoristique.

Le drama doit une grande partie de son intérêt à son casting. J’ai rarement vu mieux choisis que Choi Ji Woo et Yoon Sang Hyun pour ces rôles, qui leur vont parfaitement. Elle se débarrasse sans aucun problème de son aura persistante de Reine des mélos (mais elle garde sa couronne de « Queen of Tears » : ses scènes de larmes sont géniales) pour se consacrer totalement à son personnage d’avocate délurée et immature, tandis que lui est comme à son habitude à la fois touchant et déjanté. Les deux rôles, omniprésents (la présence d’un couple d’amis en lieu et place des habituels rivaux renforce cet aspect du drama) ont chacun leurs forces et leurs faiblesses. Pour l’instant leurs caractères antagonistes ne donne que des conflits, mais ils pourraient devenir joliment complémentaires s’ils parviennent à vivre en harmonie.

Mais où est l’amour dans tout ça ? Heureusement il est bien présent. Nos deux époux ont beaucoup d’atômes crochus, mais un peu trop crochus justement. Chacun reste sur ses positions, et petit à petit un engrenage revanchard  hilarant mais terrible se met en place. C’est à qui aura le dernier mot, et c’est le prétexte idéal pour mélanger les conflits du couple et leur métier. J’avais peur de voir le côté juridique du drama et les problèmes d’argent d’Hyung Woo prendre le dessus, mais le drama ne semble pas avoir l’un de ces scénarios hors-sujet par rapport aux promesses de sa promotion et reste fidèle à son thème principal. What you see is what you get !

Casting : A + Un sans-faute. En plus du casting principal de rêve, Kim Jung Tae et Jo Mi Ryung, deux acteurs secondaires de choix sont excellents dans le rôles des amis respectifs et savent tantôt attiser le conflit, tantôt calmer le jeu. Lee Soo Kyung prête pour quelques épisodes sa jolie frimousse (un peu trop amaigrie ces derniers temps à mon grand désespoir) à un ancien amour du héros, tandis que deux jeunes acteurs tout à fait charmants entourent de près le couple terrible (Ha Suk Jin qui garde son nom et Kim Jin Woo « Soju »). Un peu d’eye-candy n’a jamais fait de mal à personne…

(SC de droite prise chez Dramabeans)

Scénario : A Ce n’est pas tant l’originalité de l’intrigue générale qui compte, mais vraiment les dialogues et les détails de chaque situation. De ce côté là, nous sommes servis ! Je fais confiance à la scénariste de Great Inheritance (2006) pour les rebondissements.

Réalisation : B + Tout ce qu’il y a de plus classique. Sobre et efficace, elle est au service de l’intrigue, tout comme l’OST et les décors. C’est le réalisateur de Hero qui est à la barre, et il a du flair pour les scènes comiques.

Verdict : Good Kimchi + Can’t Lose est un drama électrique tout sauf reposant, chargé d’émotions et de prises de becs, dont il faut profiter au compte-goutte. Il exige un degré raisonnable de concentration : pour une fois que nos amoureux ont un niveau intellectuel élevé et surtout équivalent, il faut prendre le temps d’apprécier leurs joutes verbales. Ce n’est plus Mr l’intello riche et maniaque VS Mlle la justicière pauvre et rigolote mais plutôt deux carriéristes attachés à leurs grands principes et petite manies qui tentent tant bien que mal de vivre ensemble. Plus qu’I Need Romance qui voulait s’imposer cette année dans cette catégorie de screwball comedy entre ruptures et réconciliations sans parvenir à convaincre pleinement sur le long terme, Can’t Lose prend le taureau par les cornes sans complexes et semble déterminé à aller jusqu’au bout des possibilités de son scénario. 

Chances de continuation : 80% (nouvel indice inspiré par les premières impressions du site Star-Crossed anime, pratique pour indiquer à combien j’estime environ mon envie de poursuivre le drama)

La vraie nature des belles-mères de Kdramas enfin révélée !

4 réflexions sur “Can’t Lose : Premières impressions

  1. Merci mille fois pour cet article, j’attendais avec impatience tes impressions.
    Pour tout dire, j’avais misé de grands espoirs dans ce drama, en espérant retrouver quelques éléments d’Alone in Love (un couple déchiré mais qui s’aime toujours). Un drama plus mature, ambitieux, … je sens que je ne vais même pas tenter de rattraper mon retard sur les dramas de cet été, et passer directement à celui-ci.

  2. Sitôt lue ta critique positive, j’ai programmé Can’t Lose pour le regarder ce week-end. Ces débuts m’ont bien plu. :)
    C’est un drama qui n’est pas coup de foudre/légèreté excessif, mais il donne plus envie de s’investir sur le plus long terme. J’ai bien aimé son côté sacrément explosif, la dynamique des personnages est attrayantes avec des émotions constamment bouleversées, soufflant le chaud et le froid. Comme les deux personnages sont capables de se renvoyer la balle constamment, qu’on a toujours des torts partagés de par et d’autre, tout semble s’équilibrer, et nous au milieu on se contente d’être des observateurs privilégiés. Ce n’est pas une romcom où on rit vraiment, mais il y a une façon de dépeindre ici la relation post-mariage qui sonne authentique. Et le casting est vraiment à la hauteur, avec des personnages qui s’humanisent peu à peu.

    Je ne vais sans doute pas avoir le temps de le caser pour le suivre en direct, mais je vais le mettre de côté pour le rattraper quand j’aurais du temps en décembre !

    • Je suis contente qu’il te plaise ! Il est passé pour ainsi dire quasiment inaperçu, je pense à cause de son thème moins facile d’accès que ceux de la comédie romantique classique. Tu as raison de le réserver pour plus tard, la traduction avance tout doucement.

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