Faith : Imjaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa ! (Bilan)

C’était exactement la tête que j’ai fait en finissant le drama.  

Un soir je suis rentrée de mon job assez tard, et sur le chemin du retour je me suis réjouie comme tous les soirs de la semaine de ne pas avoir de cours ou de job le lendemain matin, parce que j’allais pouvoir regarder autant d’épisodes de Faith que je voudrais. Sauf que j’avais terminé Faith la veille. Et c’était horrible, exactement le sentiment exprimé par l’idée qu’on ne réalise la valeur d’une chose que lorsqu’on ne l’a plus. Après j’ai écouté l’OST en boucle et stocké tous les MV qui me sont passé sous la main. C’est assez incroyable que je ne me sois pas rendue compte en regardant le drama à quel point il me tenait à cœur. Eh il faut bien le reconnaître, Song Ji Na a écrit l’un de mes dramas préférés de 2012. Je n’en reviens pas moi-même. Je ne sais pas comment c’est arrivé, mais je suis tout simplement tombée amoureuse, irrémédiablement, de ses personnages et de son histoire. Le plus bizarre c’est que je faisais partie des cyniques quand beaucoup de gens étaient enthousiastes au début, et maintenant je fais partie de ceux qui vouent une véritable obsession à ce drama, qui a même finit par surpasser Arang dans mon estime (je vous épargne ma démonstration pour prouver que Faith est supérieur, je crois que ça n’est pas d’une grande pertinence ni d’une grande objectivité). La leçon de l’histoire c’est que les premières impressions ont une chance d’être trompeuses : votre drama favori se cache peut-être derrière un pilote décevant. Je bénis en particulier Dangermousie qui a littéralement inondé son LiveJournal de dithyrambes hystériques sur chaque épisode, je crois que sans ça j’aurais continué à snober Faith, à tort.

Story of a Woman

 

Je pense que je suis tombée amoureuse de Faith en tombant amoureuse de son héroïne, et à travers les yeux amoureux d’Eun Soo je suis tombée amoureuse de Choi Young. C’est drôle parce que j’ai commencé à détester Eun Soo (détester est un grand mot, mais elle était la raison principale pour laquelle je n’accrochais pas), et progressivement elle m’a charmée et ralliée à sa cause. Je suis passé de l’exaspération à l’amusement, de l’amusement à l’affection, de l’affection à l’admiration, de l’admiration à l’adoration pure et simple. Le moment déclencheur a été il me semble celui où elle commence à mener en bateau ses kidnappeurs en jouant avec le mystère qui entoure son statut de médecin descendu tout droit du paradis. J’ai adoré la façon dont Kim Hee Sun joue cette héroïne pleine de cran, et Je ne peux pas croire que j’ai écrit des mots si durs sur elle en écrivant mes premières impressions. En fait c’était capital de passer par là puisque Faith raconte avant tout l’histoire de son personnage, sa destinée, et comment elle va se battre pour la changer. Et ce faisant, elle va beaucoup évoluer elle-même.

 

La première fois que nous voyons la Eun Soo du futur j’ai cru que c’était un autre personnage tellement elle ne ressemblait pas à la Eun Soo de 2012 qui débarque du salon médical avec ses rêves de cliniques privées, son incrédulité et ses hurlements. Et puis, petit à petit, à mesure qu’elle se familiarise avec son nouvel environnement et que son courage et ses nerfs sont mis à rude épreuve, elle commence à faire entendre autre chose que des cris, elle porte des jugements, elle fait des choix, elle négocie, elle forme des stratégies, elle tombe amoureuse, elle étudie, elle se fait des amis…et elle finit par prendre la voie de la sagesse. Et tout naturellement à la fin nous avons notre Eun Soo qui est devenue une sorte de réincarnation du grand Hwa Ta lui-même. La fofolle hystérique a disparu pour laisser la place à une femme qui mérite entièrement son titre de « Grand Docteur » et qui est digne de prendre part aux affaires de la Cour. Et c’est le plus grand accomplissement du drama, la métamorphose d’une femme qui devient « accomplie » au sens Antique du terme. Elle apprends même à se défendre physiquement ! Et je pense que le drama tourne autour de ça : la métamorphose d’une demoiselle en détresse en une femme maîtresse de son destin. 

 Two is better than one

Et elle n’est pas la seule à avancer comme ça pour se surpasser. Kong Min essaie de devenir autre chose qu’une marionnette du clan des Yuan, No Guk lutte pour ne pas être la frêle étrangère prisonnière d’un mariage politique, et Choi Young essaie de ne pas marcher dans les pas de son maître, qui a choisi la mort après avoir servi un roi indigne. Mais de bien des manières, ce drama nous montre qu’ils ont tous besoin les uns des autres. Eun Soo est là pour sauver la vie de No Guk et de Choi Young, Choi Young est là pour sauver et soutenir le couple souverain, Kong Min est là pour prendre les décisions, et forger doucement un avenir meilleur pour sa nation, No Guk est là pour servir d’appui indéfectible à son époux, et bien sûr nos deux héros se sauvent mutuellement (sur le plan physique et psychologique) à de nombreuses reprises. C’est mon troisième drama de Song Ji Na (j’ai vu quelques épisodes de Sandglass mais je n’ai pas récupéré tous les épisodes) et je commence à voir ce qu’elle désire le plus transmettre. Ce n’est rien d’autre que le fameux proverbe qu’on entend dans Story of a Man, la métaphore des œufs et du rocher. Ce dont on a le plus besoin  pour avancer, c’est les autres. Même les vilains ont besoin de partenaires pour mener à bien leurs plans diaboliques. 

 

Et comme je suis en train de suivre en option un cour très riche de philosophie et que nous venons de discuter de la complémentarité des membres d’un couple, j’en vois une belle illustration dans ce drama où beaucoup de personnages fonctionnent en duo. Même Gi Cheol trouve une sorte d’alter ego diabolique avec le prince Deok Hwong. L’un  est l’incarnation de l’avidité, animé par un désir jamais satisfait, l’autre de l’orgueil et de la perversion manipulatrice. 

Your fate is (not) written in the stars

 

A propos de cette histoire de voyage dans le temps, j’avoue que vers la fin j’étais sérieusement confuse sur le pourquoi du comment et j’ai eu peur que Song Ji Na nous laisse en plain, mais pas du tout ! En fait j’ai fini par comprendre que c’était une boucle temporelle assez classique où à la fin du premier espace-temps exploré l’héroïne réalise qu’elle doit devenir le futur d’elle-même qu’elle a entrevu dans son voyage dans le passé pour pouvoir sauver son bien-aimé. Et c’est assez incroyable qu’en fait tout ce que nous avons vu du futur d’Eun Soo au cours du drama nous fait vivre à notre insu ce qui l’attends à la fin de l’aventure : des années douloureuses de séparation et d’errance, et surtout faire en sorte que le chemin soit balisé afin que celle qu’elle était dans le passé ne commette pas d’erreurs. Il ne faut pas y réfléchir trop intensément et mettre la logique temporelle de côté, mais en fait ça se tient. En 2012 Eun Soo est capturée par le général Choi Young et atterri à la fin de l’ère Goryeo, ensuite elle revient dans le présent pour aller chercher de quoi sauver Choi Young après la bataille finale contre Gi Cheol mais se retrouve dans le passé avec un décalage de 100 ans en arrière. La porte se referme, elle boucle la boucle passé/présent/futur en balisant le chemin pour qu’entre le moment où elle est transportée en arrière et le moment où elle retrouvera Choi Young ce dernier soit sauvé par une Eun Soo avertie des dangers, et enfin lorsqu’elle passe la porte pour la troisième fois elle elle téléportée avec un décalage de cinq ans après son départ et retrouve un Choi Young qui a survécu à ses blessures. 

 

A propos de la « fin » de Choi Young et de sa renaissance j’ai été surprise de remarquer la cohérence du scénario qui fait le parallèle entre sa première « mort » lorsqu’il se suicide littéralement en enfonçant l’épée qu’Eun Soo lui a planté dans le ventre plus profondément et qui le représente glacé, et le deuxième moment où il frôle la mort quand Gi Cheol le fige de son souffle…glacé. Si on s’intéresse aussi un peu à ce que toutes ces fleurs viennent faire là-dedans, on réalise qu’Eun Soo est le printemps qui vient sauver Choi Young de l’hiver éternel. Aaah, comment mon coeur de girly girl peut résister ?

Conclusion

 

Je pense que ce drama illustre bien le paradoxe du Silène, cette figurine qui représentait un être ridicule et déformé, mais qui révélait une fois ouverte une statue de divinité. Faith se présente à nous dans un emballage maladroit et bourré de défauts, mais l’idée derrière est tellement belle et admirable. Je comprends tout à fait ce qui cloche pour beaucoup, et j’ai moi-même senti le décalage entre l’intention et la concrétisation de cette intention. Mais de manière curieusement métatextuelle, si on accepte d’y « croire » comme le suggère le titre, eh bien ça marche, l’image colle à l’idée, et on s’accommode plutôt bien de la maladresse persistante. Et en écrivant sur ce drama, je me suis posée une question : après tout, est-ce que c’est aussi important que ça que le réalisateur se plante, que le côté politico-épique ne soit pas crédible ? Non, en réalité je m’en fiche complètement. L’important c’est que j’ai passé un excellent moment, que le projet s’est inscrit de manière forte dans mon esprit. Peut-être que ce n’est que l’ombre d’un grand drama, mais l’ambition est tellement belle que même l’ombre en est sublimée. Ou peut-être que j’avais juste besoin de faire une obsession sur ce couple, qui a finit par faire des étincelles (j’ai vraiment dit qu’ils n’avaient aucune alchimie dans mes premières impressions…?)